Etranger, d'où viens-tu ?
Dernière mise à jour : 8 déc. 2020
Etranger d’où viens-tu ?
Aujourd’hui 6 décembre, 340 ème jour de l'année du calendrier grégorien, (341ème en cas d'année bissextile d’ailleurs). C’est également dans plusieurs pays du monde ou régions l’occasion de fêter « La Saint Nicolas ». Sans aborder l’aspect religieux que certains pourraient voir dans cette fête attendue et célébrée par de nombreux enfants (petits et grands), j’ai moi aussi participé activement à la préparation de la fameuse « Veillée de Saint Nicolas », et ainsi perpétué « La Tradition ».
En Savoie, rares sont ceux qui célèbrent cette fête ; elle ne fait pas partie du folklore traditionnel régional.
Nikolaus et Martin, bien que courageux et téméraires, n’ayant visiblement pas su passer la frontière Suisse, sont donc restés stoppés dans leur avancée, au pays du chocolat (ce qui leur correspond bien), et attendent patiemment (Suisse oblige) que sonne chaque année dans la nuit du 5 au 6 décembre, le Coucou (assurément parfaitement réglé) pour déclencher la tournée annuelle.
Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Régions de France limitrophes (Pas de Calais, Nord, Alsace, Lorraine) continuent de fêter, avec joie et ferveur, le Saint Patron des écoliers, en accueillant sa venue de petits gâteaux, vin chaud ou lait (selon les régions) et carottes pour Martin, vaillant petit âne ; complice de la distribution nocturne de friandises et de cadeaux. Certains lui associent également le père fouettard, acolyte plus sombre chargé de punir les « enfants pas sages ». Pour ma part, j’ai choisi de ne pas lui laisser de place dans « ma » Saint Nicolas.
C’est alors qu’après avoir décoré avec patience et application la maison en entonnant à tue-tête tout le répertoire enfantin laudateur du Grand Saint, façonné cuit et décoré les traditionnels pains d’épice, consciencieusement installé la carotte de Martin à côté des gâteaux et du petit mot de remerciement à leur intention, précautionneusement posé la paire de chaussons de chaque membre de la famille au pied du sapin, nous sommes partis nous coucher avant de remonter, quelques minutes plus tard, installer le butin merveilleux, supposé objet des rêves d’enfants pendant cette nuit si particulière.
Au moment précis ou j’installais ledit trésor, rangeant la carotte et allégeant le tas de gâteaux, je me suis demandée « pourquoi ». Pourquoi faire cela, pourquoi perpétuer une tradition ?
Ma première réponse intérieure fut simplement « parce que ce sont mes racines, ca vient de là ou je viens ». et justement, je me suis alors demandée « d’où je venais » …
La Lorraine, terre de mes ancêtres, charge de perpétuation de traditions et de valeurs ? Le Pas de Calais aussi dans ce cas ? Quand le chant des corons me fait trembler jusqu’au plus profond de l’âme ? Le Nord, là où je suis née et ou j’ai grandi ? La Corse, dont « je connais tous les chemins », comme Pagnol dans ses collines, qui est « d’ici aussi » ? La Belgique ou j’ai vécu, étudié, adopté un folklore, et été adoptée en retour au cœur d’un cercle qui perpétue ses traditions ? La Savoie, terre d’accueil ou je vis et construis cette famille si chère à mon cœur ?
La réponse diffère tellement que cela m’en fait ... perdre mes repères.
Je me souviens d’une anecdote, petite scénette amusante survenue dans le Nord avec une collègue que j’apprécie beaucoup et « originaire » de Compiègne, à qui l’on a demandé en patois dans la cafétéria lors de sa pause déjeuner « et d’où qu’tu restes ? »
Sa réponse spontanée fut simplement « hé bien je reste là le temps de déjeuner ».
Hagard, l’interrogateur a alors sollicité du regard un soutien et une reformulation de sa question pourtant évidente à ses yeux : « D’où viens-tu ? ».
Si cet échange vous a fait sourire, il m’a profondément marquée. « D’où que tu restes ? » … Venir, rester, repartir, revenir ... Quelle étape compte le plus après-tout ? L’une ? Certaines, Ou l’ensemble qui forment le chemin ? Peut-on parler d’un livre en supprimant certains chapitres ?
« D’où viens-tu ? »
« De tous les endroits par lesquels je suis passée, où je me suis arrêtée ou pas, mais qui m’ont marquée, imprégnée, consciemment ou pas d’ailleurs. De tous les échanges, discussions, rencontres qui m’ont nourrie. De toutes les traditions, fêtes, moments de joie que j’ai partagés. De chaque endroit où j’ai déplié ou replié mes ailes. De tout ce que j’ai choisi de conserver et d’emmener comme bazar dans mon sac sur mon chemin de vie et que je décide de poser ici, maintenant, peut-être, pour un certain temps ».
« Bienvenue ».
Maurice et Compagnie
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